MON GÉNÉRAL, IL EST ENCORE TEMPS

Mon Général, bonsoir. Vous allez bien, j'espère ! De mon côté, ce n'est pas la grande forme mais il fallait que je vienne vous parler. En fait, si je suis là, c'est parce que je devais répondre à notre rendez-vous. Hayi ! Pourquoi ce visage ? Ah, vous ne savez de quel rendez-vous je parle ! Bon, un peu d'histoire. Mohamed, 21 mai, abattu froidement, agent police ! Tout ça vous parle ? Ah, vous vous retrouvez enfin ! Dieu merci.

En fait, après mon message du 21 juin, vous aviez posé un acte fort. Je vous en avais félicité. Seulement, depuis ce temps, plus rien n'a été fait. Le policier sous les verrous, son procès, c'est pour quand ?

Mohamed a été inhumé le weekend dernier. Mais, il attend que justice soit rendue pour un repos réel de son âme.
Mon Général, ça traine ! Justice pour Mohamed ! Justice pour tous ces compatriotes abattus comme des rats !

Mon Général, le hic dans toute cette histoire, c'est ce boucan médiatique que l'on fait autour de la mort de votre frère d'armes, Madjoulba. Un Colonel d'armée, un Chef corps, un responsable d'une unité d'élite comme le BIR, assassiné dans son bureau, au camp. Et on n'a pas pu trouver le criminel. Bon, au lieu de mobiliser toute cette énergie à le chercher, allons plutôt attraper ceux que tout le monde connaît. D'abord, les assassins d'Anselme et Douti, ensuite, celui de ce jeune vulcanisateur à Agoè en décembre 2018, sans oublier le tueur de Rachad à Bafilo, ...
Mon Général, il y a urgence. Vos éléments continuent de nous narguer et de nous brimer, parce qu'ils se savent couverts d'impunité. Vos hommes ne cessent de nous tricher, d'abuser de leur pouvoir et de nous dire d'aller où nous voulons. Vous savez pourquoi ? Parce qu'ils savent que personne ne leur fera rien, ils mentiront en plus et ils seront couverts.
Voilà pourquoi mon Général, vous devez sévir. Votre département est chargé de la protection civile et non de celle militaire. Autrement, c'est nous, populations civiles, que vous devez protéger. Malheureusement, c'est nous plutôt qui sommes vos victimes. Pourquoi ? Parce que l'impunité est devenue une règle d'or dans la gouvernance de notre pays et chacun, selon sa position, en jouit allègrement.
Mon Général, espérant que mon prochain message sera pour vous couvrir définitivement de lauriers, je vais m'arrêter ici.
Mais avant de vous quitter, je vous prierai de transmettre mes salutations à votre collègue qui demande aux autres de protéger leur crédibilité pendant qu'il traîne la sienne dans la boue.

Bonne nuit, mon Général.

Arafat Afuane