MESSIEURS, FAITES-NOUS RÊVER

Il est temps ! Nous bouclons encore 12 mois de vie. L'aventure a commencé avec certaines personnes. Hélas, elles ne l'ont pas vécue jusqu'à la fin. D'autres ont rejoint la barque en plein trajet. Nous autres étions là au commencement puis sommes encore là à la fin. Le trajet a été tumultueux mais nous y sommes arrivés. Nulle force, nulle intelligence de notre part mais ce n'est que la jouissance de la Miséricorde de Dieu. Bon, calmez-vous. Je ne viens pas vous parler de Dieu. D'ailleurs, je n'ai jamais suivi des cours de théologie.

Bon, 2020 est partie. Année bizarre, année particulière, année spéciale. Autrement nous sommes spéciaux !

2021 démarre. Nous allons nous faire des vœux, nous allons nous adresser des souhaits. Pour sacrifier à la tradition, je tourne mes pensées vers nos gouvernants.

Monsieur le Président de la République, vous nous avez parlé. Il y a longtemps hein ! Mais, on vous a écouté quand même. Sauf que, Excellence, vous n'avez pas parlé fort. Vous n'avez fait que nous dire ce que vos ministres, sur votre instruction personnelle, nous ont toujours chanté tout au long de cette année.

Excellence, nous voulons rêver. Nous voulons que vous nous présentiez des ambitions. Dites-nous concrètement où vous nous conduisez. Le PND, nous en avons entendu parler hein ! Mais, nous n'avons pas confiance. Vous savez pourquoi ? Rien ne garantit que c'est pour notre bien-être. Alors, nous avons de la peine à vous soutenir. Monsieur le Président, faites-nous rêver.

Le rêve, c'est par les actions que, sur votre instruction personnelle, vos ministres vont poser. Nous voulons rêver, nous voulons voir grand, nous voulons aussi "vendre" notre pays à l'extérieur tout en nous bombant le torse, sur tous les plans.

Excellence, demandez donc à vos collaborateurs de nous faire rêver.

D'abord, mon Général, nous voulons rêver. Nous ne voulons pas avoir peur quand nous croisons nos frères en uniforme. Nous voulons aller et revenir sans craindre d'être abattus par un de vos hommes. Mon Général, nous voulons que nos frères, "corps habillés" soient une source de sécurité pour nous, qu'ils nous interpellent quand nous sommes en erreur et qu'ils n'aient besoin de recourir au mensonge pour se faire accepter de leur hiérarchie. Mon Général, nous voulons rêver.

Monsieur le Garde des sceaux, la justice est le dernier recours d'un citoyen lorsqu'on lui a tout volé. Malheureusement, notre justice à nous est l'endroit où les plus forts matérialisent leur domination sur les plus faibles. L'endroit où le pauvre n'a pas droit à la parole. Monsieur le Ministre, nous voulons rêver. Faites-nous rêver d'une justice juste, équitable, indépendante qui exerce en toute transparence. La justice ne devrait pas servir à exiler des citoyens qui ont le courage de s'opposer publiquement. Ce n'est pas bien. Faites-nous rêver d'une société où les sommes colossales investies pour la réforme de la justice portent des fruits.

Monsieur le Ministre des Droits de l'Homme, j'ai beaucoup à vous dire. Faites-nous rêver. Nous voulons une société où nous sommes d'abord reconnus comme des hommes, puis comme ayant des droits et, enfin, que ces droits nous soient accordés puis respectés. Nous ne voulons pas de cette société où certains ont le monopole de la violence, brimant tout le monde, en toute impunité. Nous voulons d'une société où personne ne se croit au-dessus de l'autre du fait de sa fonction, de son statut social. Nous voulons applaudir quand nous sommes contents. Mais surtout, nous voulons pleurer, crier, bouder quand nous ne sommes non plus en accord avec ce qui se fait. Tonton, je veux rêver.

Tout part d'un rêve, messieurs les gouvernants ! Et je veux rêver. Nous voulons rêver ! Vos compatriotes veulent rêver ! Ce n'est qu'autour d'un rêve commun que nous pourrions tous travailler. Alors, messieurs, faites-nous rêver !

Arafat Afuane

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Merci, au plaisir de vous voir.